Cameroun: le journaliste Ngota mort en prison de maladies "opportunistes" ?
Paris, vendredi 30 avril 2010 (AFI)-
Bibi Ngota, directeur du journal Cameroun Express qui était depuis le 10 mars à la prison de Kondengui, à Yaoundé, "est décédé des suites d'infections opportunistes dans un contexte où (son) système immunitaire était complètement effondré", a affirmé à la radio d'Etat Issa Bakary Tchiroma, citant un rapport administratif du médecin de la maison d'arrêt.
"Les examens de laboratoire effectués à l'incarcération (du journaliste) ont révélé une sérologie VIH positive", a ajouté M. Tchiroma, également ministre de la Communication, selon lequel M. Ngota a tardivement appris son statut.
D'après les explications du ministre, lorsqu'il a été conduit en prison, Bibi Ngota avait volontairement accepté d'effectuer un dépistage au virus du sida qui "s'est révélé positif".
Mais il n'en a pas récupéré les résultats qui lui ont été annoncés le 5 avril, après une nouvelle admission à l'infirmerie "pour une fièvre élevée et l'irruption cutanée généralisée".
Son décès est survenu à la veille de la réception de résultats d'"examens complémentaires sur son éligibilité au traitement anti-rétroviral", qui ralentit la progression du virus du sida. "A l'analyse (de ces résultats), on constate que le patient avait une infection généralisée dans un contexte d'immunodépression sévère", a dit Issa Tchiroma Bakary.
Bruno Ntede, frère cadet du journaliste décédé, a dénoncé ces affirmations du gouvernement. "Je suis très indigné. Le gouvernement raconte des histoires", a-t-il déclaré. "La vérité de sa mort est loin de ce que dit le gouvernement", a-t-il soutenu, se refusant à plus de commentaires. Le 23 avril, le gouvernement camerounais a annoncé avoir ordonné une enquête judiciaire pour faire la lumière sur la mort de Bibi Ngota, qui a suscité l'émoi et l'indignation de plusieurs organisation de défense de la presse au Cameroun et à l'étranger.
La France a demandé que la "lumière soit faite" sur ce décès, les Etats-Unis ont réclamé une enquête "effectuée de manière globale, transparente et sans délai". Bibi Ngota, surnom de Germain Cyrille Ngota Ngota, a été écroué en même temps que deux autres journalistes, Robert Mintsa et Serge Sabouang, qui demeurent en détention provisoire.