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Des militants racontent leur calvaire à la gendarmerie togolaise

Publié le par afriqueflashinfo.over-blog.net

Dans sa logique de contestation de la réélection de Faure Gnassingbe au Togo, le Front républicain pour l’alternance et le changement (Frac) avait prévu organiser une veillée de prière et de recueillement, le mercredi dernier. Mais à quelques minutes du début de la manifestation, tout tourne en un cauchemar qui a duré jusqu’au lendemain.

Descente punitive de la gendarmerie nationale togolaise au siège de l’Ufc, parti del'opposition à Lomé

Les militants embarqués destination la gendarmerie

 

Le siège de l’Union des forces de changement (Ufc) saccagé, environ 70 militants interpellés et battus dont des femmes violées, des ordinateurs et une somme de 22 millions FCFA emportés, suite à une descente des forces de l’ordre.

Le matin du jeudi 15 avril 2010, des empreintes de bottes étaient encore visibles sur des portes défoncées du siège de l’Ufc. Quelques centaines de militants, dont une bonne a passé la nuit à la gendarmerie nationale, sont présents.

Face aux journalistes, les responsables du Frac et leur partenaire d’Obuts donnent les détails sur la « sauvagerie » de la veille.

« Les éléments de la gendarmerie ont fait irruption dans les locaux qu’ils ont saccagés, emportant le matériel informatique, une dizaine de téléphones fixes, cinq ventilateurs et le matériel de confection des cartes avec des milliers de cartes de membres vierges, de même qu’une somme de 22 millions cinq cent mille FCFA », raconte le premier Vice-président de l’Ufc, Patrick Lawson.

« Ce que nous avons subi hier (mercredi, NDLR) est d’une sauvagerie extrême », témoigne le secrétaire nationale de l’Ufc, Robert Olympio qui faisait partie des 70 interpellés relâchés le même jour pour certains et le lendemain pour d’autres.

« Conduits à la gendarmerie dans des conditions difficiles, un peloton de maltraitance attendait et scandait : ‘’il y a à manger ce soir’’. Ensuite on a demandé à certains de ramper par terre et on a commencé par les tabasser », a-t-il poursuivi.

Jean Eklu, le président de la jeunesse de la commune de Lomé, fait aussi parti des victimes. Il raconte avoir « subi toute la nuit, bastonnades, gifles, menaces, injures et tout sortes de tortures ».

Par exemple, « ils nous disaient : ‘’ici on ne tue pas de moustiques, un moustique tué vaut trois coups de bâtons’’ », ajoute-t-il.

Ce que les militants de l’Ufc ont subi dans les locaux de la gendarmerie ne leur a pas fait oublier les traitements dont ils ont été victimes en amont, pas moins dégradants, comme le relate un communique du parti : « Lors des interpellations (…), toutes personnes arrêtées notamment les jeunes ont été passe à tabac. Certaines femmes ont subi des touchers vaginaux, des viols et autres traitements inhumains et dégradants ».

« Un cap a été franchi avec le viol des femmes car, on ne peut pas faire certaines choses comme cela impunément », estime Kofi Yamgnane.

« Ceux qui ont fait ça en septembre en Guinée, ils sont où maintenant ? », s’interroge le Franco-togolais, porte-parole du Frac.

« Même sous Eyadema (ex-président décédé en février 2005), on ne faisait pas ça », déplore l’ancien Premier ministre, Agbéyomé Kodjo pour qui, il est « impératif d’œuvrer pour l’établissement de l’Etat de droit qui n’est même pas encore à son état embryonnaire » au Togo.

Selon les responsables de la gendarmerie, l’effraction au siège de l’Ufc fait suite à des informations les alertant sur l’existence d’une « milice formée d’étrangers, des Béninois notamment » qui s’apprêterait à « troubler l’ordre public ». En plus, selon eux, « la manifestation était interdite ».

Mais, ces responsables n’ont pu prouver la nécessité d’emporter des ordinateurs et des sacs d’argents. Ils n’ont pu aussi monter les « étrangers formés pour troubler l’ordre public » alors que tous les interpellés ont été libérés juste à la mi-journée du lendemain, le jeudi 15 avril 2010.

 

Ce qui fait dire au Secrétaire national chargé à la presse au sein du parti des « jaunes », Eric Dupuy, qu’ « ils (le pouvoir) sont toujours à la recherche de documents qui prouvent leurs fraudes et leur défaite lors du récent processus électoral ».

A noter que c’est la deuxième fois en deux mois que la gendarmerie organise une descente dans les locaux de l’Ufc, emportant du matériel informatique.

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