Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La Liberté de presse sous surveillance: JED s'insurge !

Publié le par afriqueflashinfo.over-blog.net

"La liberté de la presse ne s'use que si on ne s'en sert pas" écrit à la huitième page de chaque numéro de l'hebdomadaire "Le Canard enchaîné" qui parait chaque mercredi. En République Démocratique du Congo, la liberté de presse est "enchaînée" alors même l'article 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 garanti cette liberté à tous. « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Donat Mbaya, président de JED inquiet par le sort de confrères et s'interroge sur la liberté de la presse au Congo-démocratique.

Journaliste en danger (JED) est très préoccupée par la cascade d’interpellations des journalistes et le harcèlement dont fait l’objet certains médias à Kinshasa et dans certaines provinces du pays. JED demande aux services de sécurité et aux autorités judiciaires de faire preuve de modération, et de ne pas en rajouter à un climat de la liberté de la presse déjà tendu suite à l’assassinat, il y a 10 jours, d’un reporter cameraman à Beni, dans la province du Nord-Kivu.

En effet, JED note qu’en l’espace d’une semaine au moins deux journalistes ont été arrêtés et mis au cachot à Kinshasa et à Boma (Province du Bas-Congo) ; quatre autres ont été interpellés et longuement interrogés par l’ANR (Agence Nationale de Renseignements) à Kinshasa et, une chaine de Radio-Télévision encerclée par des policiers et son signal d’émission interrompu.

Il s’agit de :

 

1. Jullson Eninga, Directeur de publication du quotidien « Le Journal ». il a été arrêté, mardi 13 avril 2010, et mis au cachot du Parquet de Grande Instance de Kinshasa Gombe. Eninga s’était rendu au parquet, mardi 13 avril 2010, répondre à l’invitation de l’avocat général relative au communiqué des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) publié par Le Journal en septembre 2009. Il a confirmé la publication, sans commentaire, par son journal dudit communiqué tiré sur le net. C’est après une longue audition sur procès verbal de près de quatre heures qu’il a été conduit dans le cachot du parquet de grande instance de Kinshasa/Gombe.

Le Journal est accusé d’avoir fait la « propagande » des rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) opérant à l’est de la République Démocratique du Congo.

2. Popol Ntula Vita, éditeur de l’hebdomadaire « Le Tonnerre » paraissant à Boma. Il a été arrêté au parquet de grande instance de Boma et conduit à la prison centrale de Boma depuis mardi 13 avril sur plainte du Maire de cette ville, Madame Marie Josée Niongo Nsuami.

Il est reproché à Popol Ntula d’avoir publié dans son édition n°15 du 13 mars 2010, un article intitulé : « Boma : Le maire Marie José Niongo Nsuami sur les traces de son prédécesseur : l’opinion s’interroge », dans lequel il a appelé l’assemblée provinciale de diligenter une enquête parlementaire à travers les entités politico administratives et autres services publics de Boma, notamment à la mairie de Boma.

A l’arrivée au parquet de grande instance de Boma, mardi 13 avril 2010, Ntula a été immédiatement mis en garde à vue durant deux heures sans être entendu, puis mis sous mandat d’arrêt provisoire à la prison centrale de Boma en début d’après-midi.

 

3. La Radio Télé Kintuadi (RTK), une chaîne confessionnelle appartenant à l’église Kimbanguiste, s’est vue être envahie par une dizaine de policiers, mercredi 14 avril 2010 à 4 heures du matin, et son signal coupé. Trois techniciens, Pitchou Wanketama, Papy Dinganga et Christophe Nseka ont été arrêtés et conduits vers une destination inconnue. Toutes les entrées et sorties ont été interdites aux journalistes par les policiers qui ont encerclé le siège de la RTK à Binza/Pigeon. Aucun motif officiel de cette attaque n’a été communiqué mais un journaliste de cette chaîne a dit à JED que cette situation serait dû à un conflit opposant les deux ailes de l’Eglise Kimbanguiste.

 

4. Alain Kiuka, Jean Louis Miasuekama, Jean Dénis Bakonga et Dieumerci Nzob journalistes à Antenne A, une station privée émettant à Kinshasa ont été interpellés à l’Agence National des Renseignements (ANR) où ils ont été longuement entendus entre samedi 10 et mardi 13 avril 2010. L’ANR reproche à Antenne A d’avoir diffusé dans son journal télévisé du samedi soir un commentaire faisant état de la mise sur pied d’une commission ad hoc chargée de discuter et faire la paix avec des insurgés Enyelé qui ont attaqué la ville de Mbandaka (Chef-lieu de la province de l’Equateur), le 04 avril 2010.

JED constate que cette dégradation brusque de la situation de la liberté de la presse intervient quelques jours seulement après la déclaration du Conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité affirmant l’engagement du Président de la République en faveur de la liberté de la presse et pour la protection des journalistes, après le meurtre de Patient Chebeya, Reporter-Cameraman de Beni.

 

Aux confères qui sont dans le tourment du musellement étatisé de se souvenir:

"Il n’y a donc point de liberté sans Lois, ni où quelqu’un est au -dessus des Lois : dans l’état même de nature l’homme n’est libre qu’à la faveur de la Loi naturelle qui commande à tous. Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non pas des maîtres ; il obéit aux Lois, mais il n’obéit qu’aux Lois et c’est par la force des Lois qu’il n’obéit pas aux hommes. Toutes les barrières qu’on donne dans les Républiques au pouvoir des Magistrats ne sont établies que pour garantir de leurs atteintes l’enceinte sacrée des Lois : ils en sont les Ministres non les arbitres, ils doivent les garder non les enfrein dre. Un Peuple est libre, quelque forme qu’ait son Gouvernement, quand dans celui qui le gouverne il ne voit point l’homme, mais l’organe de la Loi. En un mot, la liberté suit toujours le sort des Lois, elle règne ou périt avec elles ; je ne sache rien de plus certain." Jean-Jacques ROUSSEAU, Lettres écrites de la montagne, 1764.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article