Lokua Kanza: "Recours aux sources" de la chanson congolaise

Publié le par Agence africaine d'information


PARIS (AFP) Paris le 03/05/2010. Le Congolais Lokua Kanza, à l'affiche de l'Européen à Paris les 6 et 7 mai, vient de publier "Nkolo" (World Village), un album où il a eu "recours aux sources" de la chanson congolaise, son chant lumineux étant rehaussé d'arrangements subtils peaufinés en studio.

"Cet album, c'est un recours aux sources. Même s'il y a des moments de ma carrière où j'ai laissé un place prédominante à d'autres couleurs, la musique africaine m'a toujours habité, m'habitera toujours et est toujours en moi", a confié à l'AFP Lokua Kanza.

Né à Bukav près du Rwanda, Lokua Kanza a grandi à Kinshasa. Formé au chant depuis l'âge de huit ans dans les chorales des missions catholiques, au chant traditionnel en dehors, il parfait ensuite ses connaissances musicales au Conservatoire, en multipliant les petits concerts, puis en étudiant la guitare jazz dans une école à Paris où il est arrivé en 1984.

Cet ancien choriste et guitariste de grands noms d'Afrique Centrale (Abeti, Ray Lema, Manu Dibango, Papa Wemba...), qui s'est lancé en solo en 1993, retrouve dans "Nkolo" ("Dieu" en lingala) la magie de ses deux premiers albums. Dans les années 90, ceux-ci avaient révélé à un large public ses qualités de fin mélodiste et de chanteur à la voix haute et douce, un peu voilée aujourd'hui.

Puis Lokua Kanza a cheminé entre chanson africaine et française. Cinq ans après un disque entièrement en français, il retrouve sur "Nkolo" le lingala, un peu de swahili et s'essaye aussi au portugais.

"Je suis allé beaucoup plus dans la tradition, tout en ouvrant un chouia dans le côté contemporain de la musique africaine, explique-t-il. Il y a des kalimbas, des flûtes anciennes, mais la manière de traiter ma voix et les instruments n'est pas celle de nos grands-parents. Et le jeu reste très moderne".

Cet orfèvre a osé des alliages insolites. Dans plusieurs chansons, le kalimba (instrument traditionnel à lamelles d'acier) se marie avec le piano, sur fond d'ondes Martenot ou de synthétiseur. D'autres, plus acoustiques, mettent en valeur le chatoiement des guitares.

"J'adore le studio. Je pourrais y rester dix ans. Ce disque, j'ai mis trois ans à le faire", souligne-t-il.

"Je voulais aller vers quelque chose de vocalement assez simple et serein, sans grandes envolées, dit le musicien congolais. Je n'aime pas trop les arrangements clinquants. La musique doit couler, et la mélodie prime".

Quelques compositions trahissent les influences nouvelles du Brésil, où Lokua Kanza vit désormais, à Rio, entre deux voyages à Paris et à Kinshasa où il revient plus souvent.

Derrière les mélodies aériennes où l'on retrouve la magie des chants du coeur de l'Afrique, pointe cependant une gravité nouvelle.

"Plus mâture que les autres", selon son auteur dont les traits ne trahissent pas ses 52 ans, "Nkolo" est dédié à Dieu.

"Je viens d'un endroit, Kinshasa, où quand j'étais môme je ne mangeais pas tous les jours. J'ai commencé dans les églises à l'âge de huit ans, et je pense qu'Il m'a béni. Pour tout ce parcours-là, je voulais à travers cet album Lui dire merci", affirme Lokua.

Le chanteur mène aussi une carrière de compositeur. Gal Costa, Vanessa de Mata, Ney Matogrosso, Luiza Possi, entre autres, ont déjà fait appel à ses talents au Brésil.

AFI///03052010//RB

Publié dans Portrait

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article